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Ils sont de véritables spécialistes des brocantes, marchés aux puces, magasins « d’occase » ou « recycleries »... Eric, Hélène et Bill « compactent » leur vie tous les jours : ils évitent d’acheter neuf, sauf quand il n’y a pas moyen de faire autrement. Un défi qui se transforme parfois en casse‑tête. Ils ont accepté de présenter leurs astuces et de raconter leurs difficultés.
Compact est l’un des derniers‑nés dans les mouvements de simplicité volontaire.
La simplicité volontaire est un mouvement de société qui propose la réduction de la dépendance à l'argent et à la vitesse, dans le but de libérer du temps pour la communauté et d'encourager les attitudes écologiques et respectueuses de la société. Fondé à San Francisco en 2006, autour du concept de décroissance, le mouvement Compact est passé en quatre ans de 10 à plus de 10 000 membres un peu partout dans le monde, selon ses fondateurs américains.
C’est Hélène Noël, professeure des écoles dans le XXIndeks górny ee arrondissement, qui a lancé la section française, après avoir lu un article du Courrier international sur ce mouvement. Depuis 2008, la liste de discussion de Compact France a réuni plus d’une centaine de membres. Hélène, une ancienne étudiante en commerce, est une enseignante passionnée qui depuis longtemps déplorait la surconsommation. Mère de deux enfants, elle raconte : « Je faisais très attention à mes achats, mais je croyais que j’étais simplement différente. Quand j’ai pris connaissance de Compact, j’ai finalement pu m’identifier à un groupe. »
Pour Hélène Noël, il y a une question fondamentale à laquelle doit répondre chaque bon « compacteur » avant d’acheter quelque chose : est‑ce que j’en ai vraiment besoin ? Si la réponse est oui, c’est le début d’une chasse à l’occasion. Des meubles, des outils et même des jouets, elle les déniche avec son mari dans les brocantes, les marchés aux puces et à l’aide d’Internet.
Mais la recherche peut devenir plus délicate : comment se débrouiller et trouver des médicaments, du savon, du dentifrice ou de la nourriture « d’occasion » ? En effet, les « compacteurs » ont établi des exceptions dans trois domaines : l’alimentation, l’hygiène et la santé. Mais il reste à s’habiller, communiquer, se déplacer et se cultiver avec du matériel usagé... S’il y a une chose dont Hélène Noël et de nombreux « compacteurs » semblent se passer facilement, ce sont les vêtements fraîchement sortis d’une boutique. La fondatrice de Compact n’achète jamais rien de neuf, sauf des sous‑vêtements et des chaussures pour elle et ses enfants.
Lucile, 17 ans, se dit aussi motivée que sa mère : « Moi, j’aime quand ma mère me donne des habits de seconde main. En plus, il y a davantage de place pour les essayer à la maison alors que les cabines d’essayage dans les boutiques, c’est tout petit ! » La jeune fille, qui aime surtout la lecture, se fait parfois taquiner à l’école : « J’ai une amie qui m’a dit que pour mon anniversaire, elle allait m’acheter une nouvelle garde‑robe. Ça m’agace un peu, mais je m’en fiche ! »
Pour trouver des vêtements usagés, Hélène Noël et son mari courent les brocantes et récupèrent les habits de leurs proches. Cette femme de 42 ans se défend pour autant d’être démodée : « J’estime que des vêtements de 2008, trouvés dans des brocantes, sont toujours à la mode ! »
Les appareils électroniques sont un grand défi pour les « compacteurs », qui s’organisent autour d’Internet. La plupart acceptent d’acheter des pièces neuves, surtout quand le temps presse. Éric Bergua, 42 ans, infographiste pour une télévision locale, utilise son environnement autant que possible : « Quand des ordinateurs neufs arrivent au bureau pour prendre la place des anciens qui vont être jetés, je vérifie toujours si cela peut être récupérable pour moi ou mes amis. »
Dans la famille d’Hélène Noël, le plus difficile c’est de freiner l’achat de produits liés à la culture, comme les livres ou les magazines. L'enseignante se rend beaucoup plus fréquemment qu’avant à la bibliothèque. Elle se procure aussi des livres usagés dans les brocantes ou sur Internet à l’aide de sites comme Amazon ou eBay, mais ce n’est pas toujours suffisant : « Je me permets d’acheter parfois des livres neufs, parce que je me dis que je fais un effort sur plein d’autres trucs. »
Bill Onthewave (un pseudonyme) et sa famille, qui habitent Nantes, sont de nouveaux « compacteurs ». Ce père de 31 ans, qui se sert notamment du site Deezer pour se procurer légalement de la musique, dit ne pas avoir eu de mal à renoncer aux livres, aux magazines ou aux CDs neufs : « On évite les cadeaux matériels pour se concentrer sur le temps de qualité offert aux proches. »
Ce travailleur en santé publique dit avoir de la difficulté surtout dans des situations imprévues : « Quand les enfants perdent un ballon dans le parc, on est bien embêtés pour le remplacer rapidement... »
Bill, qui préfère garder l’anonymat, a demandé à ses proches de respecter son choix de ne pas acheter de cadeaux neufs aux enfants, mais il n’a pas toujours leur soutien : « Ma mère craque régulièrement... mais elle apprécie que la maison soit moins encombrée et commence à s’y mettre elle aussi. »
Les crèmes, le maquillage et autres produits de beauté sont des articles moins attrayants lorsqu’ils ont déjà été utilisés... Plusieurs « compacteurs » présument qu’ils entrent dans la catégorie « hygiène et santé » et font donc partie des exceptions.
Il y a cependant des objets irremplaçables comme les ampoules..., mais sinon, les
« compacteurs » font tout pour équiper et faire fonctionner leur maison à l’aide d’objets récupérés.
En plus, les adeptes du « compactage » sont tous très sensibles à l’environnement - l’une des raisons d’être du mouvement - et utilisent le vélo ou les transports en commun le plus souvent possible.
Si aucun « compacteur » ne peut se targuer d’acheter 100 % d'« usagé », la fondatrice de Compact France rappelle que l’objectif n’est pas absolu : « L’idée est de faire un effort. »
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Quels sont les avantages des achats d’occasion ?
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Grâce aux achats de seconde main, on évite le gaspillage et on réduit sa consommation. Parfois, on peut dénicher un objet rare. En plus, on dépense moins, donc on va économiser de l’argent. Acheter des produits d’occasion aide à prendre soin de l’environnement. Faire ses achats aux marchés aux puces peut éviter l’émission de CO₂, en limitant la production des déchets. Si on achète des produits usagés dans les brocantes, aux marchés aux puces ou dans les vide‑greniers, on discute, on négocie, on échange des souvenirs. Tout cela développe des liens sociaux et les fait évoluer.