La journaliste : Bonjour à nos fidèles auditrices et à nos fidèles auditeurs. Nous vous accueillons avec la magnifique musique du film Bande de filles de Céline Sciamma. Oui, c’est bien la journée de la femme aujourd’hui. À l’occasion de cette fête, nous avons invité le critique de cinéma Thomas Parisot pour parler du cinéma fait par les femmes. Malheureusement, les films des femmes sont toujours moins connus que les films des grands réalisateurs hommes. Est‑ce que cela va changer ? Bonjour Thomas.
Thomas Parisot : Bonjour à tous, et merci pour votre invitation. Pour répondre à votre question, le cinéma était longtemps considéré comme un territoire masculin. Pourtant, Alice Guy‑Blaché est l’une des pionnières de cinéma, et pas n’importe laquelle. Savez‑vous qu’elle est la première femme à avoir son propre studio de films ? Agnès Varda, appelée « la grand‑mère de la Nouvelle Vague », a aussi une place très importante dans le cinéma. Les femmes sont donc présentes dans le cinéma depuis toujours ! Elles étaient pendant longtemps moins visibles que les hommes, mais cela est en train de changer et j’en suis très content.
La journaliste : Vous pouvez nous donner un exemple de ce changement ?
Thomas Parisot : Par exemple, Julia Ducournau est la deuxième femme réalisatrice dans l’histoire qui a reçu la Palme d’Or au festival de Cannes en 2021 pour son film Titane. C’est un grand événement.
La journaliste : Et quelles réalisatrices pouvez‑vous recommander à celles et à ceux qui nous écoutent en ce moment ?
Thomas Parisot : J’aime beaucoup le cinéma de Céline Sciamma. Ses films sont sublimes et très féministes. J’adore aussi les films de Claire Denis. Elle n’a pas peur de travailler sur des sujets difficiles et on voit que l’image est très importante dans son travail.
La journaliste : Oui, et il y a aussi beaucoup d’actrices qui sont devenues réalisatrices !
Thomas Parisot : C’est vrai. Par exemple Maïwenn. J’aime beaucoup son film Polisse. Je pense qu’il est vraiment fort et émouvant.
La journaliste : Avant de finir, il faut également parler des réalisatrices franco‑africaines qui font un cinéma incroyable.
Thomas Parisot : Vous avez tout à fait raison. Le cinéma francophone est varié et somptueux grâce aussi au travail des réalisatrices franco‑africaines. J’adore par exemple Mounia Meddour, une réalisatrice franco‑algérienne. Je pense que son film Papicha est génial. Il parle de la situation des femmes en Algérie dans les années 90. J’apprécie également beaucoup le cinéma de Mati Diop. C’est une réalisatrice franco‑sénégalaise. J’aime bien son film Atlantique parce qu’il est original et bien fait. Mounia Meddour et Mati Diop sont vraiment talentueuses.
La journaliste : On voit bien que le cinéma des femmes est très diversifié.
Thomas Parisot : Oui, et nous avons oublié de dire que les réalisatrices françaises collaborent aussi avec les actrices d’autres pays ! Par exemple, dans son film Les Innocentes, Anne Fontaine a travaillé avec des actrices polonaises, comme Joanna Kulig ou Agata Buzek. Je pense que c’est un film magnifique.
La journaliste : Et les réalisatrices polonaises ont travaillé avec les actrices françaises ! Małgorzata Szumowska a tourné le film Elles avec Juliette Binoche et Anaïs Demoustier. Selon moi, cette réalisation est très intéressante. Je la recommande vivement !
Thomas Parisot : Oui, c’est absolument un film à voir.
La journaliste : Merci à vous, Thomas Parisot. Nous avons vu que le cinéma des femmes est très riche et nous espérons bientôt admirer d’autres films faits par des femmes.