En quoi consiste votre travail ?

Claudine : Je suis en charge de l’habillement des acteurs et parfois des figurants. Mon travail va drastiquement changer en fonction du film. Si c’est un film à l’époque contemporaine, mon travail est d’habiller les acteurs selon leurs mensurations et leurs rôles. Si c’est un film historique, le costumier devra se documenter en profondeur dans les bibliothèques, les musées, effectuer des recherches sur les vêtements de l’époque : mode, couleur, matières utilisées, etc., et ce, afin d’avoir les habits les plus réalistes possibles. Enfin, si c’est un film futuriste ou fantastique, le travail du costumier devient beaucoup plus créatif ; il devra imaginer les vêtements de l’univers du film, en accord avec le travail des scénaristes, des scénographes et du réalisateur.

Sur quels films aimez‑vous travailler ?

Claudine : Je préfère travailler sur les costumes pour les films historiques que je trouve moins compliqués. Aujourd’hui, il n’y a plus de mode unique, chacun apporte sa personnalité et façonne son propre style. Mais au cinéma, le style doit être plus fort que dans la vie et le moindre détail va personnaliser le vêtement mais surtout rendre le personnage crédible dans son costume. Quand je travaille pour les films historiques, je travaille souvent avec des artisans excellents: perruquiers, chapeliers, passementiers.

Quelles sont les qualités personnelles nécessaires pour exercer votre profession ?

Claudine : Il faut savoir dessiner, coudre, confectionner des vêtements, être pointilleux, créatif et perfectionniste. Le diable se cache dans les détails. Le film c'est comme un tableau, tout a de l'importance. Les créateurs de costumes sont des artistes mais aussi des chefs d'entreprise qui jonglent avec les commandes, les intermédiaires, managent des équipes et peuvent être à la tête d'ateliers de confection qui comptent parfois une quinzaine de personnes. De véritables couteaux suisses. Il faut être à la fois zen et très réactif face aux situations d’urgence. Sur un tournage, je garde toujours un petit nécessaire à couture sur moi pour réagir vite et repriser un costume s’il le faut. On doit souvent faire preuve d’inventivité en cas d’imprévu et d’humilité face à la multiplication de modifications demandées.

Que diriez‑vous à une personne qui souhaite se lancer dans cette voie ?

Claudine : Qu’on est avant tout au service du film et d’une équipe. Il ne faut pas vouloir briller soi‑même, faire son numéro avec des costumes très clinquants qui ne serviraient pas la fable qu’on va raconter. Il faut aussi être un peu psychologue car on travaille beaucoup avec les corps des acteurs. Aider l'acteur à entrer dans la peau de son personnage, telle est la mission du costumier.

Où cherchez‑vous de l’inspiration ?

Claudine : Je m’intéresse au travail d’autres costumiers. J’ai de l’admiration pour de nombreux collègues. Mais c’est Madeline Fontaine qui est une autorité dans la profession, costumière multiprimée et célébrée dans le monde entier. Elle a conçu tous les costumes du film culte, Le Fabuleux Destin d'Amélie Poulain. Chez elle, tout est story‑boardé. C'est un véritable horloger suisse. Pour Amélie Poulain, interprétée par Audrey Tautou, il fallait créer une silhouette hors du temps et elle l’a fait.

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