Nathaniel Tanguy : Bonjour, bienvenue à nos auditrices et à nos auditeurs dans l’émission hebdomadaire « Le savais‑tu ? ». Ce matin, nous accueillons Marine Renaud, psychologue et psychiatre du centre Thérapeutes par mille. Le sujet d’aujourd’hui : les jeunes et les réseaux sociaux. Bonjour Marine.
Marine Renaud : Bonjour Nathaniel.
Nathaniel Tanguy : Les réseaux sociaux, les jeunes n’en décrochent plus ?
Marine Renaud : En effet, plus le temps passe et plus la situation se dégrade.
Pourvu qu’ils aient leur téléphone en main et le monde extérieur arrête d’exister.
De récentes études ont révélé que 48 % des jeunes y passent moins de deux heures par jour, 38 % entre 3 et 5 heures et 14 % plus de 5 heures. Ce qui séduit surtout les ados, c’est la facilité avec laquelle ils peuvent partager les contenus qui leur plaisent. L’heure n’est plus aux statuts, on poste surtout des photos retouchées en rapport avec sa vie. Ceci donne une illusion d’appartenir à un monde parfait. D’un autre côté, il y a aussi le caractère éphémère des contenus publiés, les messages et photos disparaissent très vite, alors on est sans cesse curieux de savoir ce que vont publier les autres.
Nathaniel Tanguy : Y a‑t-il de quoi s’inquiéter ?
Marine Renaud: Oui, la surutilisation des réseaux sociaux peut entraîner des conséquences graves sur la santé mentale. Les photos retouchées entraînent des complexes et favorisent une image négative de son propre corps, surtout chez les filles. De là, nous ne sommes plus loin des crises d’angoisse et d’anxiété, ainsi que de la dépression. 60 % de mes jeunes patients en souffrent justement à cause des réseaux sociaux.
Nathaniel Tanguy : Comment cela se manifeste ?
Marine Renaud : Il y a vraiment une multitude de symptômes de détresse. Certains ont des troubles très graves du sommeil, d’autres ne dorment pas ou arrêtent de manger. Dans presque tous les cas, nous notons un désintéressement face au monde extérieur et une baisse importante des résultats scolaires.
Les jeunes semblent être une cible facile, à cause de leur manque de recul. Les chiffres sont d’ailleurs évocateurs : 42 % pensent pouvoir se passer des réseaux pendant quelques heures ou quelques jours, 28 % pendant quelques semaines ou mois et 16 % pendant plusieurs années. Alors que les chiffres liés à l’utilisation des différentes applications n’arrêtent pas d’augmenter.
Nathaniel Tanguy : D’autres sujets d’inquiétude ?
Marine Renaud : Les jeunes se laissent facilement manipuler. Surtout quand ils sont mal dans leur peau, et ceci, les réseaux sociaux y contribuent. Ils peuvent alors devenir victimes de toutes sortes d’abus, en commençant par le danger d’être recruté par une secte ou une organisation terroriste.
Nathaniel Tanguy : Comment ces prédateurs agissent‑ils?
Marine Renaud : Ils se font passer pour des gens de leur âge. Ils commencent par leur écrire un message accrocheur puis les mettent en confiance en déclarant souffrir du même mal être qu’eux. Ensuite, ils décrivent en superlatifs l’organisation à laquelle ils appartiennent, et très vite une première rencontre a lieu. Certains de mes patients ont ainsi subi un véritable lavage de cerveau, sans parler des jeunes qui sont ainsi partis en Syrie et n’ont plus jamais revu leur famille.
Nathaniel Tanguy : Des solutions ?
Marine Renaud : Les jeunes peuvent éviter tous ces dangers, pourvu que les parents soient au courant de leur activité sur la Toile.
Nathaniel Tanguy : Mais comment pouvoir la contrôler ?
Marine Renaud : Les ados auront par exemple un accès limité aux applis, à condition qu’un contrôle parental soit installé sur leurs téléphones.
L’utilisation des réseaux sociaux peut mener à la détresse, à moins qu’une campagne d’information soit mise en place par le gouvernement.
L’éducation à ce sujet doit également se faire dans les écoles. Si on pose des limites saines et si on met les jeunes en garde assez tôt, ils sauront être vigilants.
Nathaniel Tanguy : Bien. Merci Marine Renaud pour tant d’informations intéressantes !
Marine Renaud : Merci Nathaniel et au revoir !
Nathaniel Tanguy : Et vous chers auditrices et auditeurs, pensez‑vous que les réseaux sociaux soient une source sérieuse de dangers pour les jeunes utilisateurs ? Avez‑vous eu une expérience négative que vous souhaitez partager à titre d’avertissement ?
N’hésitez pas à nous contacter en composant le 01 40 82 88 53 70.